

Bien joué!
Vous vous immobilisez.
Plutôt que de lutter contre la peur, vous l’accueillez.
L’air est glacé, saturé de murmures. Les voix qui résonnent dans la grotte ne sont pas hostiles. Elles sont… fatiguées.
Vous vous agenouillez lentement, posant une main sur la pierre froide.
Le contact est étrange : humide, presque vivant.
Des silhouettes se dessinent à la lueur verdâtre : des visages déformés par le temps, les yeux vides, mais pleins de mémoire.
Leurs voix se mêlent, chaotiques, déchirées, mais portées par une même plainte :
« Nous avons voulu la chasser… comme toi. Nous avons voulu briser le cycle. Et nous avons échoué. »
Leurs mots résonnent dans vos os. Vous sentez leurs doigts, ou leurs souvenirs de doigts, frôler votre peau.
La mousse au fond de la grotte frémit, comme si elle aussi écoutait.
« La mousse garde nos âmes. Elle nous emprisonne, nous nourrit. Mais si tu veux la prendre… il te faut l’endormir. »
L’une des silhouettes s’approche, sa voix devient plus claire, presque humaine :
« Trois souffles, un mot. Souffle sur elle, trois fois.
Et murmure : Dormir. »
Vous hochez la tête.
La mousse s’agite, palpite, menace de vous engloutir. Vous inspirez profondément, puis soufflez une première fois. La lumière vacille. Un deuxième souffle : les voix s’apaisent. Le troisième : tout devient silence.
Dans un murmure, vous dites : « Dormir. »
La mousse s’étend lentement, comme une bête qui s’endort après des siècles de veille.
Elle se fige, docile. Vous tendez la main et en détachez un morceau.
Sa lueur verte pulse doucement, apaisée.
Lorsque vous relevez les yeux, les âmes ont disparu. Seul le silence demeure, lourd, presque sacré.
Mais au fond de votre esprit, une voix ténue résonne encore :
« N’oublie pas… l'erreur est de se faire engloutir par la peur... Ceux qui paraissent tes ennemis sont bien souvent l'inverse... »
Et, pendant un instant, alors que vous sortez de la grotte, vous avez la sensation que quelqu’un marche derrière vous.

